Pour accompagner la lecture et rajouter une couche de méta dans du méta dans un bouillon de meat. On lance la Scream Queens Radio avec des chansons qui résonnent avec nos discussions. Trois par paire car nous sommes trois par paire.
Kephren : L’épisode 03 nommé Chainsaw commence évidement sur une sorte de travelling en contre-plongée derrière les deux actrices qui évoque le fameux plan de Tobe Hooper qui suit Pam (Teri Mcminn) devant la maison de Leatherface. Au lieu de nous dévoiler une maison, il nous dévoile un supermarché ou les deux femmes veulent justement acheter à manger avant de se faire attaquer. En deux plans, on est dans la continuité du premier mais aussi du second massacre à la tronçonneuse qui était une satire de l’industrie de la viande. Le plan de Tobe Hooper est répété pour introduire la maison de la famille du personnage de Ariana Grande. « arent we all running from the chainsaw in our past ? » dit le père de Grace (qui vient remplacer le professeur… Encore un double ?) dans son cours d’analyse filmique ou il vient de montrer le chef d’œuvre de Tobe Hooper. Mais l’autre plan qui m’interpelle c’est quand les deux jeunes femmes vont enquêter et retournent dans la chambre du premier meutre, elles sont introduites par un plan en grand angle ou la caméra semble littéralement posée au sol dans un coin de la pièce. Ça rappelle des dispositifs de surveillance mais surtout la télé-réalité. Cette forme d’émission télé est aussi l’une des dimensions de Scream Queens puisque c’est ce que les coréens ont appelé à la même époque « Survival Show » ou à chaque épisode un candidat se fait éliminer. Entre suspect et candidat, la télévision brouille les incarnations. L’autre chose est une mise en abyme du caractère sériel de la démarche. On a déjà évoqué Hitchcock mais le feuilleton fut au 19eme l’une des formes populaires de la littérature. Et surtout de la littérature fantastique jusqu’au début du 20eme siècle, de Poe à Lovecraft, les auteurs qui ont fait le genre l’ont fait par le biais désormais « impur » des journaux à travers les feuilletons ou les publications dans les magazines spécialisées. Murphy et Falchuk s’inscrivent donc dans cet héritage tout en questionnant par les formes ce qu’il est devenu. On peut même considérer que American Horror Story est leur grande œuvre qui continue cette tradition, mais que Scream Queens serait un moyen de la tordre de l’intérieur. En y acceptant tout ce qui est « impur » à l’époque de la création comme l’héritage des Teen Dramas/Teen Soap à la Dawson ou les Frères Scott (avec les relations amoureuses alambiquées mais étrangement justes et la présence surlignée de chansons populaires), avec tout l’écosystème de figures stéréotypées propre à l’americana (les fratries universitaires). C’est peut-être pour ça qu’on retrouve Glenn Powell chez Linklater à la même période dans Everybody Wants Some. Une journée dans la famille recomposée que devient une fratrie universitaire en à peine une après-midi et une soirée.
La famille est une boucherie qui met à nue les chairs, les découpe et les agence en morceaux de viandes prêt à être vendu sur le marché des désirs. Comme Chanel qui transforme Hester faisant disparaître sur le coup une marque de sa propre chair, sa scoliose. Ou comme dans le premier épisode quand Chanel tue sa femme de ménage dans l’huile bouillante, la faisant frire à mort. Rappel fatal qu’elle n’est que du bétail, ce que Leatherface rappelle à la jeunesse US qui voulait échapper la boucherie du Viet Nam. Au cœur des groupes sociaux un bouc émissaire, au cœur de la famille, un meurtre. Elle atteste que la sororité est désormais une famille. Dans cette logique d’héritage, de filiation et d’appropriation familiale. Il y a deux trucs assez marrant. Le père de Grace (Olivier Hudson) et Pete (Diego Bonita qui vient bien sur de Pretty Little Liars que Scream Queens parodie également) se ressemblent, en dehors de la blague freudienne et du jeu des doubles, la série joue aussi avec cette étrangeté qui une fois qu’on la constate nous paraît abjecte… Nous reproduisons nos familles. L’autre chose marrante est le personnage de Billie Lourd (qui est la fille de Carrie Fischer, une star des 70s) avoue que son père caché serait Charles Manson, une star des 70s. La bizarrerie de la scène réside sur le fait que la jeune femme lesbienne ne prends pas en compte la gravité de cette information puisque se joue une autre révélation pour elle, un coming out. Le champs et contre-champ conventionnel de série télé joue justement de la fausse banalité de la séquence. Le trouble du désir serait un prolongement du trouble des origines ou quelque chose comme ça. On cache, on découvre, on coupe et on recolle. Les familles sont aussi des chaînes d’assemblage qui produisent les individus au cœur de l’usine sociale. Un peu comme les boys band, Backstreet Boys (qui comme d’habitude provoque une double blague puisqu’ils sont dans une « backstreet ») , dont la fraternité revêt les habits pour chasser le tueur.
L’épisode 04 plonge dans l’impur de la télévision. L’introduction qui nous explique le concept de « chanel-o-ween » parodie la série Law & Order. Un feuilleton des plus typiques et normés de la production télévisuelle des 40 dernières années. Et comme l’annonce la fausse policière quelques minutes plus tard, nous serons dans un épisode d’enquêtes qui suivra donc le format d’investigation propre aux séries de ce genre. Entre témoignages, flash-back, alibis, intentions et récits rapportés. Les deux œuvres qui sont explicitement cités et qui hantent l’épisode sont Children of The Corn de Fritz Kiersch (la raison est rendu explicite par le père) et Leprechaun de Mark Jones (parce que je crois que la blague est que le Leprechaun ressemble à un enfant). La maison hantée contient les cadavres et les ruines des souvenirs abandonnés. D’ailleurs la rue Shady Lane est bien sur une blague (toujours ces jeux godardiens ou à la John Waters) . Mais aussi une référence à une chanson de Pavement sortie en 97 que j’ai beaucoup écouté durant mes propres années de lycée. Chanson qui contient cette phrase : »You’ve been chosen as an extra in the movie adaptation of the sequel to your life ». Qui résume un peu ce que c’est d’être un fantôme. C’est ce que le tueur devient dans cet épisode tant il se cache dans le hors-champs, dans l’ombre. Notamment lors de l’attaque contre Zayday qui va à l’encontre de toute logique spatiale. Elle est littéralement attaquée par une image, un souvenir, un fantôme qui surgit de l’angle mort du spectateur mais qui techniquement est apparu juste devant elle. Comme les paroles de Shady Lane, la révélation est que la femme en noir qui avait le bébé est devenue un personnage secondaire au film qu’est la suite de sa vie. Ça me fait penser à Scream 3 et sa tournure gothique. Il y a une porosité entre les fictions dans l’œuvre et dans la réalité des personnages, quand Hester et Chad se rencontrent dans le cimetière, le cut d’après nous montre les enfants mort-vivants de Children of The Corn. Dans l’épisode 03, le final de Texas Chainsaw remplace les images de la série et nous devenons spectateurs comme les personnages dans l’amphithéâtre. Dans Scream 3, les événements du premier film sont devenus des souvenirs qui nourrissent Hollywood, la télévision et aussi les traumatismes des héroïnes. Elles sont hantées par leur passé, mais Hollywood lui-même semble hanté par les fantômes qu’ils tentent d’exploiter. Le final dans le manoir de stars typiques rejoue des séquences de films de maisons hantées. Et surtout la présence de Roger Corman (un membre de la famille de cinéma de Wes Craven) sur le décor de la maison de de Sidney Prescott (Neve Campbell) joue avec cette idée de présence/absence intertextuel. Il y a toujours une trace qui permet aux choses oubliées de revenir qu’on le veuille ou non. Notre époque est hauntologique comme le dirait Derrida. Elle est hantée par des idées, des textures et des spectres que le système socio-politique actuel aimerait voir disparaître. Ils nous rappellent nos origines, et surtout ce pourquoi nous enquêtons pour notre émancipation au-delà des cadavres du petit écran. L’hauntologie a d’ailleurs inspiré des musiciens des années 2000. Ceux qui jouent avec les textures et les sons dans des collages. La scène ou Munch met le bruit d’un slasher pour s’endormir rappelle ce mouvement. Même pris de manières distinctes, les formes que nous tentons d’esquiver reviennent nous rappeler la cruauté de nos situations. Si la famille fait défaut c’est parce qu’elle n’est qu’un artifice de sitcom que Murphy et Falchuk tordent de l’intérieur. Elle existe pourtant dans sa forme émancipatrice dans l’action de protection, dans la lutte contre l’ordre établi et dans la résurgence de liens qui transcendent l’espace-temps comme des spectres libérateurs.
Marie : Tout comme tu l’as dit, l’intertextualité aussi assumée brouille les frontières entre la fiction et la réalité des personnages et elle s’accompagne en prime d’un dispositif qui tient à rendre très tangible la dimension fictionnelle de la série. Une fois l’introduction passée et les personnages présentés, on entre dans le jeu de piste du whodunit très caractéristique de certains slashers, notamment de Scream. Les personnages peuvent tous êtres des tueurs et ils en sont conscients autant que le public. Il est alors assez intéressant de constater que ce principe se joue sur deux tableaux : les développements de pensée des personnages (Denise Hemphill qui fait le catalogue des “preuves” contre Zayday ou bien Grace qui accuse son père par rapport à son enquête sur le bébé abandonné dans la baignoire) mais aussi le montage et la post-production à destination des spectateurs. Après la dispute qui ouvre l’épisode 3 entre Chanel et Chanel #5, le plan final sur Chanel bascule dans son axe à la façon dont sont présentés les premiers meurtres, la suggérant ainsi comme coupable potentielle au public. De même, lorsque Dean Munsch interrompt la conversation entre Gigi et le père de Grace après la classe d’analyse filmique, la musique qui accompagne son départ est celle que l’on retrouve lors des apparitions du tueur. La scène d’ouverture de l’épisode 3 rend le dispositif cinématographique encore plus évident car elle ne fait aucun sens dans la réalité des personnages. Pourquoi un étudiant habillé du costume du tueur se mettrait subitement à courir vers Grace et Zayday si ce n’est pour amorcer une nouvelle fausse piste à destination du spectateur ? En rendant à la série ses coutures apparentes d’objet audiovisuel, on met le spectateur dans une posture réflexive sur ce qui est montré, en le guidant même par le personnage du père de Grace et ses réflexions post-visionnages dans la classe d’analyse. Ces cours ne peuvent pas exister sur le plan réaliste, aucun cours d’analyse n’est uniquement composé d’un visionnage en entier d’un film et de trois conclusions apportés par le professeur (ce qui pourrait être simplement le reflet du fait que le père de Grace n’a pas de formation spécifique à ce niveau mais je doute qu’il ne s’agisse que de ça) et donc, on retrouve un lien entre ses commentaires et les réflexions possibles du public face à la série. Il donne d’ailleurs raison à nos analyses sur l’idéologie historico-sociale de la série en revenant lui-même sur la nature historiquement ancrée (le Vietnam ou les conflits générationnels) de l’horreur au cinéma.
Je veux juste apporter une petite dimension en plus au tout début de l’épisode 4 et de l’introduction “chanel-o-ween”, Murphy y parodie également presque trait pour trait une vidéo de Taylor Swift allant donner des cadeaux à ses fans dans un évènement de Noël baptisé “Swiftmas”. On y retrouve la même police d’écriture d’introduction, un montage similaire montrant d’abord Swift faire les paquets cadeaux puis des successions de plans d’ouverture desdits cadeaux par des fans hurlant et pleurant sous le coup de l’émotion et même une visite à une famille de fans se concluant par Swift dans une mini-voiture donnant la main à un enfant. Entre cette séquence et le personnage de Deaf Taylor Swift, on peut simplement suspecter une volonté de se moquer de la chanteuse mais il est assez intéressant de questionner ouvertement la dimension “charitable” de célébrités multi-millionnaires se servant de miettes de leur fortune pour se construire une image et une persona auprès de leur public qui leur permet de s’enrichir encore davantage par ce biais.
Si on mêle ça avec ton analyse autour du concept de la famille dans Scream Queens, on remarque d’ailleurs plusieurs critiques et questionnements sur ce qu’implique la notion de fédération au sens large et une continuité du passage par la représentation et le simulacre dans ces deux épisodes. Les Dickie Dollars Scholars reprennent une esthétique fictionnelle à la lettre pour aller venger Boone, entre Orange Mécanique et Backstreet Boys car ils ne savent communier que par des références. Les Chanels questionnées par Chanel sur ce qui les a poussées à rejoindre la sororité ne répondent que sur des éléments égocentriques. Hester retire sa minerve et se fait prêter une robe par Chanel et devient instantanément une Chanel par ce “changement de costume”. Même lorsqu’on tente de s’éloigner de ces représentations hégémoniques que représentent les Chanels et les Dollar Scholars, on passe par des contre-représentations qui restent référencées (Zayday et sa campagne pour devenir présidente de KKT qui reprend la formule “Yes We Can” d’Obama avec “Yes I Can”). Et de même, lorsque les Chanels sont enfin mues par une volonté de se fédérer et d’adhérer à des principes féministes, la finalité de la scène nous renvoie encore, à l’instar du début de l’épisode à une sorte de “coup marketing d’image” réussi par Chanel.
Thibaut : Cette idée de la famille me plaît beaucoup aussi, car elle fait planer l’ombre de la descendance sur la série. La descendance est une obsession de Scream Queens, que ce soit sur le plan esthétique (l’intertextualité) que discursif, politique. Munsch est confrontée à ses démons : elle voulait entrer dans le système, dans la famille disons, pour le changer. Mais la famille se reproduit elle-même, se régénère, et on ne peut pas la changer : il faut soit la perpétuer, soit la détruire. Un entre-deux réformiste n’est pas possible. C’est ainsi que toute la référence à la candidature Obama, et donc la guerre de présidences entre Channel et Zayday, vient résonner avec tout ça, surtout le dialogue entre Zayday et Earl Grey, son love interest : “On peut changer ça”. Mais changer quoi ? À cette question, la famille, de manière biologique, peut évoluer, certes, mais elle garde un héritage. Ce système, ils ne peuvent donc pas le changer en profondeur : ils peuvent le faire évoluer pour que des personnes de couleurs, comme eux, y entrent (d’où la frustration de Denise qui s’est faite refusée à KKT en 1998) mais sa logique de domination est précisément ce qui fait de cette famille une famille. D’ailleurs, cela est à moitié conscientisé par les deux personnages lors de leur discussion : il est question de changer les moeurs, mais pour “préserver le système Grec”, donc le système de fraternité qui a fait tant de mal par sa logique inhérente de domination et de soumission au pouvoir. En un sens, cet épisode de maison hantée qui ramène les morts de manière aussi théâtrale que grotesque (au sens strict), est un peu le retour à la réalité de ces personnages idéalistes : les morts du fait de ce système reviennent, et ce n’est pas une levée de charité, une première présidente noire ou bien KKT qui s’ouvre aux lesbiennes et aux freaks qui fait que les morts disparaissent ou bien même s’arrêtent. Tout comme sous Obama, les conflits dans le moyen-orient n’ont cessé de faire des morts. Les victimes de la série sont donc le résultat d’une logique de domination (politique pour Mrs. Bean, Shondell, la femme du camping-car, mais aussi esthétique et plus physique pour Channel numéro 2 ou bien encore Coney).
Dans ce couple d’épisodes, autre chose attire mon intérêt : le 3e insiste énormément sur l’aspect humoristique et satirique de la série. Le gore y est drôle, principalement numérique (les effets burlesques de sang lorsque l’un des débiles de DDS se fait couper les deux bras à la tronçonneuse), les gags sont le cœur de l’épisode, le ton est goguenard. Le 4e, même s’il commence sur un gag, est tout de suite un peu plus grinçant : ce début parodiant explicitement, et de manière véhémente, le Swiftmas est un peu plus agressif. Mais surtout, dans cet épisode 4, les morts reviennent enfin dans la série, et surtout pour ce qu’ils sont : des macabés. Au revoir les effets spéciaux numériques et rigolos, les disparitions drôlatiques des maccabés, bonjour la prothèse gore et horrible à souhait dans laquelle Esther enfonce son doigt. Il n’y a pas un abandon du décomplexé et de l’humour, loin de là, mais l’épisode 4 renforce son côté horreur, pour le meilleur de la comédie horrifique. Tout en s’inscrivant, de manière très féroce et assumée, dans un humour noir, décomplexé et corrosif.
La descendance esthétique de Myers se trouve par la même occasion de plus en plus flagrante dans l’épisode 4 : il irradie la figure du Red Devil dans ses apparitions fantomatiques de boogeyman, et est cité explicitement avec le cadavre de Mrs. Bean et l’énorme tombe au-dessus d’elle (faisant référence au meurtre avec la tombe de Judith Meyers au-dessus du cadavre dans Halloween de Carpenter). De tous les films d’horreurs cités, je trouve ça très spécial que ce soit Halloween qui persiste, de loin, dans les références de la série. Plus que Scream même. Est-ce parce qu’Halloween traite du mal, et qu’il s’agit aussi du sujet de Murphy ? Munsch l’a dit précédemment, les fraternités sont le mal incarné. Dans ces épisodes, on traite très clairement du mal qui persiste malgré les évolutions de l’université (ou les possibles évolutions). Ce qui réunit cette famille qu’est Scream Queens, c’est le mal. Myers, comme boogeyman, irradie non seulement parce qu’il est une figure du mal incarné, mais qu’en plus, un nouveau mal, celui du quotidien et du banal, marche sur ses plates-bandes. Le mal de Scream Queens serait plutôt de l’ordre de ce qui ronge la société et qui fait que la série choisit la satire. Un bel exemple est la scène de la maison hantée où tout le monde se prend en photo avec des réels macchabés, spectacularisation de la mort d’autrui au profit du grand frisson, superficiel (le selfie), ou même sexuel (la relation Chad / Hester). L’autre exemple flagrant est la séquence de Chaneloween : certes, le film parodie NYPD ainsi que le Swiftmas. Mais en faisant un pas de côté sur l’essence de la série, l’intertextualité, on peut y voir, de manière plus terre-à-terre, autre chose : Murphy convoque un nouveau genre horrifique, le found footage, mais cette fois-ci ce “contenu retrouvé” est ce que nous consommons tous les jours sur les réseaux sociaux, et ce que nous produisons nous-mêmes. Dans la spectacularisation de la mort, n’oublions pas que Chanel offre à ses fans des morceaux de macchabés, réels ou faux (il y a une ambiguïté là-dessus, notamment lorsqu’elle offre une tête décapitée “prise dans une école de médecine”).
De ces deux épisodes, voici ce que j’en retiens : le mal, dans sa banalité, le mal, dans son horreur absolue, mais aussi le Mâle, dans sa logique de domination et de pouvoir.
Kephren : “ à l’instar du début de l’épisode à une sorte de “coup marketing d’image” réussi par Chanel”, j’aime bien cette phrase de Marie car elle contient l’un des trucs drôles de la série, sans contexte, on dirait qu’on parle de la communication de la marque Chanel. Le féminisme des jeunes est, en effet, performatif. C’est un “coup de com”. La série le dévoile bien. Elles n’ont pas de problèmes avec le système en place tant que ce dernier correspond à leur affect. Également, je suis la pensée de Thibaut sur Halloween. La mise en scène du Red Devil dans l’épisode 04 rappelle The Shape de Halloween, Michael Myers est un cadavre, ce qui incarne ce dernier est la forme même de la peur au cinéma. Ce sont ces peurs qui refont surface et qui viennent casser la rationalité des apparitions. Dans cette vision qui assume le grotesque et le burlesque reste la constante que Marie avait évoqué du Carnaval. Ce moment d’exagération, d’inversions des valeurs, de mise en perspective de l’ordre social. C’est ce que va explorer plus en détail Murphy dans la AHS 1984. Ou justement le slasher ne serait qu’un élément, un produit, de l’industrie de l’exploitation de la mort aux USA. Stage ultime du capitalisme et imposition totale du néolibéralisme, chacun est libre d’exploiter les cadavres des autres ! Certains deviennent même millionnaires. Il reste cependant les fantômes des existences meurtries par l’industrie qui serait un abattoir géant. Et je rejoins Thibaut dans la forme du found footage. Ce sont des “images rapportés” comme les récits rapportés au cœur de la littérature gothique qui joue sur une ambiguïté entre la véracité supposée de la forme, et le doute sur la réalité des faits évoqués. Dans les jeux de doubles, le diable est la figure parfaite surtout quand il a la couleur du sang des innocents.